On distingue deux troubles possibles du sommeil chez les ronfleurs Le Syndrome des Apnées du Sommeil (SAS) Le Syndrome d’Augmentation de Résistance des Voies Aériennes Supérieures (SARVAS) Symptômes En général, les personnes souffrant d’apnée du sommeil ne s’aperçoivent pas qu’elles font des pauses respiratoires pendant la nuit. Cependant, les apnées provoquent des « micro-réveils » qui altèrent la qualité du sommeil. Les symptômes les plus fréquents sont donc ceux qui résultent d’un sommeil fragmenté et de mauvaise qualité. fatigue importante pendant la journée et dès le réveil ; somnolence et des endormissements fréquents et incontrôlés (devant la télévision, au travail, au volant…) ; baisse de la libido maux de tête au réveil ; irritabilité, un sentiment dépressif ; troubles de la mémoire ; baisse des résultats scolaires chez les enfants concernés ; sensation d’étouffer ou de suffoquer la nuit. durant la nuit, est décrit un ronflements, des mouvements du corps, des réveils en sursaut, bave, sueurs nocturnes, somnambulisme, réveils pour faire pipi ou boire. Personnes à risque Plusieurs facteurs augmentent le risque d’apnée du sommeil : L’obésité. C’est le principal facteur de risque d’apnées obstructives du sommeil, notamment parce que l’excès de graisse au cou entraîne un rétrécissement des voies respiratoires. L’obésité augmente d’environ 7 fois le risque d’apnée du sommeil ; L’âge. La fréquence du syndrome d’apnée du sommeil est double ou triple après l’âge de 65 ans ; Le sexe. Les hommes sont de 2 à 3 fois plus atteints que les femmes ; L’origine ethnique. Les Afro-Américains et les Asiatiques ont un risque plus élevé d’apnée du sommeil ; Certaines anomalies des voies respiratoires ou des mâchoires. Chez certaines personnes, les voies respiratoires sont trop étroites ou les amygdales (ganglions au fond de la gorge) sont trop grosses et gênent le passage de l’air. C’est souvent le cas chez les enfants souffrant de syndrome d’apnées obstructives du sommeil. Une anomalie des mâchoires peut aussi rendre le passage de l’air plus difficile. Ces anomalies peuvent s’accompagner de ronflements ; Des facteurs génétiques. Dans certaines familles, le syndrome d’apnées obstructives du sommeil est très fréquent, en raison d’une susceptibilité génétique. Le risque de souffrir d’apnée du sommeil est multiplié par 2 à 4 chez les parents proches d’une personne atteinte de syndrome d’apnées obstructives du sommeil ; La circonférence du cou. Plus le cou est large (plus de 43 cm ou 17 pouces de circonférence chez l’homme, plus de 40 cm ou 16 pouces chez la femme), plus le risque d’apnée est élevé. Facteurs de risque L’obstruction nasale. Les personnes ayant souvent le nez bouché, par exemple en raison d’allergies, sont plus sujettes aux apnées du sommeil ; La consommation d’alcool. L’alcool entraîne un relâchement des muscles de la gorge qui augmente la fréquence et la durée des apnées du sommeil ; Certains médicaments, comme les somnifères, les relaxants musculaires ou les anxiolytiques, aggravent les apnées pour les mêmes raisons que l’alcool ; Le tabagisme. Le tabagisme augmente le risque de syndrome d’apnées obstructives du sommeil, probablement parce qu’il entraîne une inflammation des voies respiratoires. Les fumeurs sont 2,5 fois plus susceptibles de souffrir d’apnées du sommeil que les non-fumeurs ; Le diabète de type 2. Le diabète de type 2 est associé à un risque élevé d’apnées du sommeil, pour des raisons encore mal comprises, mais souvent en lien avec l’obésité. Chez les diabétiques, la prévalence du syndrome d’apnées obstructives du sommeil peut atteindre 23 %. Le Syndrome d’Augmentation de Résistance des Voies Aériennes Supérieures Dans un premier temps de la maladie, le sujet qui souffre de ronflement pathologique doit augmenter ses efforts musculaires pour respirer. Lorsque le débit diminue on parle d’hypopnées, qui sont des ralentissements significatifs (plus de 10 secondes) du flux respiratoire, associées à un allègement du sommeil (réaction d’éveil) ou à un micro-éveil, parfois associé à des décharges de mouvements des membres. Lorsque ces efforts occasionnent des micro-éveils en nombre suffisants on pose le diagnostique de SARVAS (Syndrome d’Augmentation de Résistance des Voies Aériennes Supérieures) alors même qu’il n’y a pas encore (à ce stade) de désaturation significative. Le Syndrome d’apnée-hypopnée du sommeil Le ronflement pathologique doit pouvoir se dépister à l’interrogatoire d’un sujet qui ronfle et qui somnole dans la journée , et ce, tout particulièrement s’il existe d’autres facteurs de risques cardiovasculaires. À l’inverse du ronflement simple, il est souvent permanent, intervient dès l’initiation du sommeil et surtout présente de nombreuses pauses respiratoires : les Apnées. L’entourage décrit très bien ces pauses, et ce d’autant plus que la reprise de la respiration est souvent très bruyante et s’accompagne parfois de mouvements importants du corps (les micro-éveils qui rendent compte de la somnolence). Diagnostic Il existe, cependant, de nombreux cas limites ou mixtes où l’interrogatoire et l’examen clinique ne sont pas suffisants. Le diagnostic nécessite alors un enregistrement polygraphique et/ou polysomnographique du sommeil. Cet examen est couramment pratiqué dans le laboratoire d’exploration du sommeil de nos confrères pneumologues ou encore domicile au moyen d’un petit enregistreur portatif. Le diagnostic de syndrome d’apnées du sommeil (SAS) ne fait pas la distinction entre les différents types d’apnées. Il repose sur le comptage du nombre d’événements par heure de sommeil : l’Index d’Apnées-Hypopnées (IAH). Cet index est pathologique à partir de 30, et anormal à partir de 5/h. La sévérité du trouble ventilatoire (surtout lorsque l’index est compris entre 5 et 30) est appréciée en fonction de ses conséquences sur le taux d’oxygène dans le sang (la SpO2). Dans tous les cas, la reprise respiratoire intervient à l’occasion d’un allègement du sommeil avec une réaction d’éveil plus ou moins longue. Le nombre des événements respiratoires est parfois si important que certains ronfleurs n’ont plus du tout de sommeil lent profond, récupérateur. Les enregistrements permettent de dénombrer et mesurer précisément les phases d’éveil en rapport avec des difficultés respiratoires. Il n’est pas rare de rencontrer des malades qui additionnent plusieurs heures d’apnées au cours de la même nuit. Certaines apnées durent plusieurs minutes et ne se terminent que lorsque l’hypoxie (qui peut atteindre moins de 70% de la normale) provoque une réaction d’éveil qui autorise la reprise d’une respiration volontaire. Conséquences des troubles du sommeil La privation d’oxygène consécutive aux apnées, conduit à des perturbations métaboliques et cardio-vasculaires à moyen et long terme. Les baisses de la saturation de sang en oxygène favorisent et aggravent les pathologies cardio-vasculaires (hypertension, infarctus…) et sont souvent la cause de leur décompensation aiguë au cours du sommeil (à l’occasion d’un trouble du rythme cardiaque par exemple). Il se produit un excès d’insuline qui augmente le risque de diabète et d’obésité (par « hyper-insulinisme ») Il a été prouvé par ailleurs que la privation de sommeil est un facteur de risque d’obésité (notamment durant l’enfance) en tant que tel ce qui constitue un cercle vicieux. Par ailleurs, la stimulation d’une hormone cardiaque (FAN, Facteur Natriurétique Auriculaire) provoque une hypertension. La diminution du sommeil (récupérateur) diminue la sécrétion d’ADH, une hormone qui diminue l’activité de filtration des reins durant le sommeil et favorise le besoin d’uriner et de boire la nuit. Traitement Il fait d’abord appel aux grands principes hygiéno-diététiques, voir chapitre sur le traitement du ronflement simple. Si c’est le cas, on doit insister sur le l’effet aggravant du surpoids (et de la sédentarité), de l’alcool, du tabac et des médicaments (sédatifs, bétabloquants et autres). L’ablation chirurgicale de la luette et du palais (Uvpp) et la sclérose (aux ultras sons) du pharynx n’ont pas fait la preuve de leur efficacité indiscutable au long cours. Chez l’enfant , il peut être très efficace de procéder à l’ablation d’amygdales hypertrophiées qui peuvent constituer un important obstacle sur les voies aériennes. Le traitement mécanique de l’obstruction nasale améliore la situation sans traiter fondamentalement le problème. Certains systèmes destinés à modifier légèrement l’espace pharyngé peuvent être proposés. Il s’agit de dispositifs en silicone moulés sur mesure, qui entraînent une discrète avancée de la mâchoire, ce qui favorise le passage de l’air dans le pharynx au cours du sommeil. Ces orthèses d’avancée mandibulaires (OAM) sont adaptées par les dentistes . Leurs résultats semblent à l’heure actuelle intéressants chez certains malades mais inconstants chez d’autres. En dehors de quelques exceptions, le ronflement pathologique ne connaît guère d’autre traitement que le port d’un masque respiratoire durant toute la nuit, la PPC (pour Pression Positive Continue). L’efficacité de la respiration assistée par pression positive continue (PPC ou Cpap) ou alternée (BI-Pap) a été prouvée au long cours notamment sur la réduction du risque cardiovasculaire. La participation du malade est essentielle et parfois délicate mais l’expérience montre que les sujets « gros apnéiques » acceptent sans difficulté la contrainte du masque nocturne.